26 février, 2018

Tout fout le camp !


 L'ENA à Strasbourg

Je parle habituellement peu de politique. Les lecteurs qui sont habitués à me lire, savent que je me définis comme "anarchiste de droite", une belle formule pour dire que j'aime la liberté mais pas à n'importe quel prix et qu'il faut tout de même des règles pour vivre en société, même si je ne suis pas un grand admirateur de ceux qui les font appliquer.

Effectivement, je ne "suce" ni les gendarmes ni les flics et je me défie de ces droitards assoiffés d'uniformes. Comme je le fais souvent remarquer, attablé au rade en face de mon cabinet : la plupart du temps, aussi loin que porte mon regard, à droite comme à gauche, il n'y a pas un uniforme et pourtant le monde tourne rond. 

Enfin, le monde devrait tourner rond s'il n'y avait des élus et des fonctionnaires, que je déteste bien plus que les flics et les gendarmes, pour nous pourrir la vie. Où que se pose son vilain museau poilu, l'élu ou le haut fonctionnaire a tôt fait de dérégler quelque chose qui "ne marchait pas si mal" au prétexte que ça pourrait "marcher encore mieux". Et bien sur, "ça marche toujours moins bien". Parce que l'élu qui veut passer à la postérité ou le haut fonctionnaire qui se croit plus malin que tout le monde, a tôt fait de dérégler ce qu'il pensait régler. 

Étant généralement un bon à rien, sinon il exercerait un vrai métier, l'élu tout comme son compagnon de rapine, le haut fonctionnaire, sert principalement à faire chier des gens qui ne lui ont rien demandé. Mais sans doute que si l'on ne sert à rien, on tente coûte que coûte de se sentir utile, quitte à imaginer qu'une activité parasite puisse avoir une quelconque utilité.

Quand je me sens d'humeur à hisser le drapeau noir à fleur de lys qui symbolise pour moi l'anarchie de droite, je me dis que je pourrais pendre les élus avec les tripes des hauts fonctionnaires. Et puis, je me calme et je ne fais rien. Comme tout un chacun.

Ce que je constate dans ma clientèle, c'est que cet état de fait à un impact terrible sur notre pays. Je crois ainsi pouvoir affirmer que 100% de ma clientèle exerçant une activité réglementée souhaite abandonner sa carrière.

Par activité réglementée, j'entends les humbles fonctionnaires et les gens exerçant des professions libérales réglementées comme les médecins, pharmaciens, experts comptables, etc.

Par exemple, j'ai souvent entendu de la part de flics ou de douaniers que leur métier aujourd'hui consistait surtout à "faire chier les honnêtes gens", les seuls qui les craignent. La plupart de ces fonctionnaires qui me consultent, cadres B ou A, semblent dire qu'aux échelons les plus hauts, il semblerait que ce soit des débiles ou des couards qui sont recrutés.

S'agissant des professions réglementées, je ne compte plus le nombre de médecins soient ayant arrêté soient envisageant de le faire bientôt, lassés par la paperasserie omniprésente. J'ai eu le même discours de la part de deux commissaires aux comptes qui m'expliquaient que les diligences qu'on leur imposait n'avaient plus ni queue ni tête.

Aucun de ces professionnels ne se plaint franchement de la clientèle. Il y en a des bien et des moins bien et c'est la vie. Cela se gère. En revanche tous se plaignent du cadre de plus en plus coercitif qui les empêche de bien travailler et de s’épanouir professionnellement.

Ainsi, le Dr D. le médecin généraliste qui m'a fait confiance et m'a envoyé mon premier patient voici vingt ans vient de prendre sa retraite à tout juste soixante ans. Quand je lui ai demandé si c'était du aux patients devenus peut être plus exigeants. Elle m'a dit que tel n'était pas le cas, qu'elle avait toujours su gérer cela. Elle m'a juste expliqué qu'elle n'en pouvait plus de la sécurité sociale. Alors comme elle m'a toujours dit qu'elle crèverait à la tâche, elle est partie exercer son activité de médecin en Afrique parce que là-bas, les gens sont reconnaissants. J'ai aussi deux chirurgiens qui n'opèrent plus. Les deux sont lassés des tracasseries administratives. Et le plus âgé ne trouve même pas un repreneur pour ses parts de clinique. 

Un autre de mes patients vient de prendre une amende de quelques milliers d'euros pour avoir sur-prescrit de l'imagerie médicale. Installé dans un trou, le pauvre se démène comme un fou pour sa clientèle et voici que la sécurité sociale lui met un coup sur la tête. il a décidé d'arrêter à la fin de l'année. A soixante-dix ans, il l'a bien mérité. Sans doute que la commune dans laquelle il exerce investira bientôt fans un cabinet flambant neuf pour inciter un jeune à venir le remplacer.

Nonobstant le fait que l'on s'entende très bien, ce sont des cas compliqués dans la mesure où je n'ai aucun moyen de les aider correctement. On sait d'où vient le problème et on n'est pas prêt d'en sortir. Car laisser les professionnels s'organiser eux mêmes, en organisant juste un vague contrôle, ne suffit plus. L'époque est aux gens qui n'ont jamais fait ce que vous faites mais savent mieux que vous. C'est ainsi. Alors il reste l'humour. Il espèreraient autre chose de moi mais que puis je proposer ? Rien puisque comme eux, à un degré moindre, je subis moi aussi la mainmise de l'état de plus en plus lourde et intrusive dans toutes mes activités.

La révolution est en marche depuis des années. Elle ne se fait plus contre les riches mais contre les capables.

Mon confrère H16 a l'occasion de ponctuer ses billets par un "ce pays est foutu". Ce soir je vais faire de même : 

Ce pays est vraiment foutu.

2 Comments:

Blogger KevinM said...

Du coup vaut mieux quitter le navire avant que celui ne sombre entièrement
+ vu que la situation ne s'arrange pas la france va finir comme la grèce?

11/3/18 2:30 AM  
Blogger cmosorchestra said...

Ce scénario me rappelle un film avec Henri Virlogeux.

25/4/18 12:48 AM  

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